Dans la consommation de substances psychoactives, 3 types de comportements sont différenciés : l’usage simple, l’abus ou usage nocif, et la dépendance.
Leur définition ne fait pas référence au caractère licite ou illicite des produits consommés et leur discrimination est nécessaire à la mise en place de la réponse sanitaire.
L’usage simple du cannabis
L’usage simple du cannabis est caractérisé par une consommation n’entraînant aucun dommage Atteinte à la personne qui entraine un préjudice physique psychologique ou social. Le dommage est un fait présent, constaté, dont le préjudice peut être évalué. Lorsque le dommage est potentiel par la présence de un ou, à fortiori, plusieurs facteurs reconnus comme facteurs de risque, on parle alors de risque de dommage. La complication est un évènement indésirable qui vient perturber le cours normal de l’évolution.. Il ne peut donc pas être considéré comme une pathologie nécessitant des soins. Mais un usage simple de cannabis peut devenir à risque dans des circonstances particulières comme celles nécessitant une bonne maîtrise psychomotrice (la conduite automobile, la conduite d’engins), ou lors de certains contextes (une consommation avant 15 ans, une consommation associée, une recherche d’excès, un usage auto thérapeutique), et lors de la grossesse. Les seules complications de l’usage simple de cannabis, sont d’ordre pénal ou social.
L’usage nocif de cannabis
L’usage nocif de cannabis est caractérisé par des dommages dans les domaines somatiques, psycho-affectifs ou sociaux plus volontiers lorsqu’il s’agit d’une consommation intensive et/ ou répétée.
Une consommation aiguëLa consommation aigue peut avoir 2 significations. Par rapport à une consommation chronique, la consommation aigue signifie qu'il s'agit d'une consommation isolée, sans caractère de répétition ou de régularité. La consommation est dite aigue lorsqu'elle sous-tend la consommation d'une quantité importante de principe actif avec tous les risques que cela peut entrainer en termes de surdosage et effets indésirables. provoque des dommages de deux ordres :
- Troubles du comportement : ivresse cannabiqueElle se définit par quatre phases successives variant en fonction de la quantité de produit consommée et de la physiologie de la personne. 1 : une sensation d'euphorie avec désinhibition, bien-être et empathie. 2 : un état confusionnel, avec dilatation des perceptions sensorielles. (Peut aller jusqu’à hallucinations et perturbations spatio-temporelles voire psychose aiguë (=bad trip, +/- nausées, maux de tête, vomissements). 3 : un état d'extase caractérisé par une certaine apathie. 4 : un état de retour à la normale, le plus souvent caractérisé par un sommeil profond *(Du Hachisch et de l’aliénation mentale 1845, Jacques-Joseph Moreau.), délire, anxiété, agressivité et des troubles des habiletés,
- Accidents de la circulation (fréquence x 1,8 du risque d’accident mortel).Accident, SAM 1° rapport, SAM 2° rapport, SAM synthèse
La consommation régulièreUne consommation régulière de cannabis n'est pas nécessairement quotidienne mais se définit par au moins 10 épisodes de consommation de cannabis par mois. de cannabis provoque des dommages de 3 ordres :
- Des dommages somatiques : respiratoires (bronchite, emphysème), cardiovasculaires, immunitaires, cancer. Ils se cumulent avec ceux du tabac.
- Des dommages psychologiques et psychiatriques : altération cognitive, relationnelle, de l’attention et de la mémoire, syndrome amotivationnel, états délirants rares.
- Des dommages sociaux : une difficulté d’insertion sociale et scolaire, des problèmes judiciaires possibles.
La dépendance au cannabis
La dépendance au cannabis est caractérisée par de nombreux symptômes dont une impossibilité de s’arrêter de consommer, une négligence des activités habituelles et des relations, une désinsertion et une possible manifestation de sevrage à l’arrêt Dépendance. Elle concerne entre 5 et 10 % des consommateurs réguliers, le double chez les adolescents Rapport INSERM. La dépendance est liée à de nombreux facteurs : le type de produit, la vulnérabilité du consommateur et le contexte de la consommation. Elle se manifeste essentiellement par un phénomène de toléranceEtat d'adaptation de l'organisme aux doses croissantes d'une drogue, lui permettant de résister à sa toxicité. et la survenue d’un syndrome de sevrage à l’arrêt, ce qui en fait sa singularité. Les signes de sevrage surviennent avec une grande variabilité de quelques heures à quelques jours après la dernière prise, pour s’intensifier pendant 1 à 2 jours et disparaître en 3 à 5 jours. Ces signes, souvent frustres, se caractérisent par une anxiété vive avec irritabilité, agitation, insomnie, anorexie, et une altération transitoire de l’état général.
L’ensemble évoque les signes de sevrage observés au décours d’un usage prolongé de benzodiazépines.